PIPI de CHAT

Lorieux me dédicace la plaquette de son expo, que je n'avais récupérée qu'en Russe et qu'il m'échange en Français, caprice de prince. « Il faut qu'ON apprenne les langues étrangères maintenant. » Qu'est-ce qui me permet de le rencontrer à la dernière comme je viens souvent faire les fermetures ? Pas tj Eclair, certes, mais je vide les poches, j'en mets sous les yeux. Un voyageur dans les ruines. Je trace ou j'écris de temps en temps.
De nouveau une histoire de chat, confession à l'arrache qd je lui raconte mon transfert au sujet du mien avec son cliché rajouté récemment comme un fait exprès, « Vous n'êtes pas beaucoup à l'avoir remarqué. -Vous ne lisez pas souvent les blogs qui vous sont consacrés, Monsieur. » : celui qui lui sauve la vie en prenant en pleine tête la balle qui lui était destinée dans une embuscade algérienne.


Il a vraiment la classe. Grâce des honnêtes et éther des alchimistes. Le pur devant la bête abîmée que je suis. J'ai beau me courber pour l'écouter et éviter l'impressionner, il est le plus grand. Tu m'étonnes qu'il fréquente ma Yasmine.


Ce même jour où je me souviens du suicide d'Yves Navarre, 15 ans plus tôt, trop tôt et de trop. Qu'une tempête sévit dans sa région natale ou reproche le silence à son égard, qu'il faut que je sorte, qu'il faut que CA sorte. D'un autographe à l'autre, passage de relai à la pointe du stylo, ce stylet des mots. D'un Salon du Livre à cette galerie en vitrine, la résurgence du respect, la fulgurante admiration et la gêne qui les accompagne. L'année où j'ai cru pouvoir jouer ds la Cour d'Honneur des grands.


Le jour où je taquine mon cœur qui fatigue à coups d'insomnies & autres produits, Lorieux évoque « nos étoiles, Isabelle et les chats » en écho intime à ces bestiaux si chers aussi à Navarre. Il n'y a qu'à le lire pour s'en rendre compte. De toute façon, peu importe « la raison, ce rabot », le prétexte ou l’obligation, ON doit lire Biographie, Kurwenal ou Niagarak, descendre toute sa production, chrono-logique-ment. Qui a publié un livre sous le je de Tiffauges, son âme de compagnie, l'animal ami avant Tiffany et Tityre, les autres hôtes à venir.


Tout file, toutes Toiles confondues. Cette rencontre à la sortie devient ma récompense et l'ironie du sort rivalise avec l’Insolence du Hasard. La présence de l’écrivain de lumière éclaire l’absence de l’auteur des miennes. L'empreinte est infinie, l'explication surgit. Il m'a sauvé la vie en me montrant comment rédiger, digérer. Il l'a tenue jusqu'ici. A mon tour de l'exhumer.

© Tress

Pourtant va trouver un bouquin de lui aujourd'hui. Une édition originale, je veux dire, pas juste un truc de cloche. Va trouver une trace de moi quelque part aussi.

Il gêne sans cesse qui s'il me permet pourtant au moins de rester ici ? Du souvenir plutôt que de l'aide, quelqu'un qui plaide. J'ai appris. Compris. C'aurait été bien de lui faire signe quelque part. Montrer l’héritage, rendre hommage. Je me suis vu plus doué, mais il y a belle lurette que je ne fais plus d'effort. « Tiens, ça rime. A rien, mais ça rime... » Il me manque. Qu'est-ce qu'il me manque. Heureusement que je ne l'ai pas raté.

Voilà, c'est pas grand chose, des fleurs dans la fosse, le geste qui compte, trois fois rien.

Quant à toi.