jeudi 27 mai 2010

Le GRAND SAUT (extrait)

Maintenant que ça ne sert plus à rien...
D’autant plus cette nuit. Pleine lune. Plein de toi. Plains-moi. Fatal final. Des étoiles à la poussière. De toi au froid. De nous au trou. Je croyais que tu étais morte ou qu’il fallait verser une rançon pour te récupérer. Te voilà partie, partante. La revanche de ma belle. Voyage de ménage. Sacré coup de balai. Tu as dû oublié tes bagages, j’ai des valises plein les yeux. Tes malles, n’en parlons pas. Je ne suis pas mieux. Plumeau déplumé. Impression de t’avoir perdue dans un aéroport. Il n’y a donc pas que les avions qui volent. En tout cas, ce que tu m’as dérobé, je le recèle sans cesser. Vague sentiment de t’entendre au téléphone, t’attendre. Puis une étape cauchemardesque dans cette campagne où je m’étais arrêté à ta recherche dans le midi. Mes démons y descendaient aussi. Terminus. Cette nuit, ils me guettent. Ils me gâtent. Abîme. Ils ne sont plus inquiets, « in quiet ». Ils avaient bien cru avoir perdu ma trace au début de tes baisers, mais tes araignées n’auront pas raison de leur folie. Ce n’est pas une sorcière qui les empêchera de me brûler. J’ai beau leur dire qu’ils se trompent, que tu vas repasser avant mille ans, qu’ils peuvent bien m’arracher les paupières pour ne pas dormir, crever mes yeux pour m’interdire de te voir ou trancher ma langue pour me condamner à leur silence, c’est peine perdue. Même si c’est moi qui l’ai trouvée le premier. Ils peuvent attendre longtemps, je t’attends. Et les obliger de constater que mon coeur est à toi, ainsi que tout ce qu’il existe d’amour, de ferveur et de rêve au fond de mon âme malade t’a déjà été remis, que je ne m’appartiens plus, n’accentue que leur rage à nous anéantir. Ils s’acharnent, me décharnent. Je sens mon ventre qui se déchire à manquer du tien et leurs griffes à travers ma gorge qu’ils étranglent pour me faire pleurer se maquillent de mon sang que tu refroidis, avec le secret plaisir de ressembler à tes ongles plantés dans mes chairs en charpie. Les rats habitaient le navire. Clandestins pas sages. Ma galère vogue. Ils se repaissent de mon crâne explosé de trop de mémoire à tes côtés. Le hasard continue de se servir dans ma conscience saoule avec ces mélangeurs que tu collectionnais. J’ai la menthe à l’eau que tu buvais exclusivement dans toutes mes larmes. Le sort proxénète a remplacé leur sel en tes sucrettes. Il t’a sucrée. Qu’est-ce qu’il nous est arrivé ? Tu connais mon numéro et je connais ton adresse. Comment prévoir qu’il s’agissait du mien d’équilibriste et de la tienne à m’esquiver ? Tu m’as trompé ? Trompe-moi toujours que je te retrouve. Justement parce que ça ne sert plus à rien, qu’il est impossible de trouver du secours, qu’il est inutile de chercher un recours, lâcher dans le vide ce qui ne me sert plus, ce qui me serre plus. Trachée bouchée, j’étouffe. J’ai tout fait. Des caillots d’impuissance gonflent ma gorge, m’égorgent. Sans prendre la tête, déposer la mienne dans ce que tu ne peux pas nier et oser. Rouler, m’écrouler, crouler et couler. Ma fièvre ment. Ta sève me hante et sa source tarie me chante des melopées sans vie. Il y a un accroc dans le suaire. Trou blanc où m’accrocher, rocher d’où j’essayais de dérober la lune pour toi. Les crochets aux épaules, je te porte, je t’emporte dans ma galerie de fantômes. Le diable n’a qu’à bien se tenir. Il se reconnaîtra. Qu’il vienne fermer la porte.
Tombeau, caveau, condamner les accès, mes excès sont damnés. Je dîne de fureur et de colère. Château en Espagne si vile. Tout croupit autour de moi. Accroupi, je résiste. La peur a scié mes dents. Des moisissures rongent mes lèvres. Et ce moi si sûr des premiers mois plonge sans qu’ON le relève. Prostré contre le battant de cette prison, je cogne mon front contre la vérité, tocsin de cinglé, psalmodie maudite. Paroles magiques qui m’agitent jusqu’à l’ultime souffle qui faiblit à travers ma poitrine percée de ton absence. Ancienne litanie avec laquelle je vieillis : Tibi. Toutes les générations à venir n’auront pas fini de me déchiffrer que je t’aimerai encore. Quoi qu’il arrive, où que tu sois, quand que ce sera, je suis à toi. A tout de suite et jamais fin. Il va me falloir coucher avec la glace. J’habiterai sur le ventre du vide, son vent violent, je le vrillerai de mon sentiment, si tu reviens. Je suis près de noyer l’amer. Mais cette pluie m’épuise. Et cette eau me boit.

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