lundi 15 août 2011

MULO, Messe Basse (extrait)

(...) A Béziers, ils attendent encore.
La chef de service vient rappeler à l’accueil des Urgences : toujours pas d’entrée, juste des comas éthyliques et autres déshydratations. Une féria, c’est un cocktail réussi de contrastes, sol y sombra. Elle a demandé à ce qu’ON reprenne contact avec l’infirmerie des arènes. De là-bas au centre hospitalier, il faut au bas mot quinze minutes. Avec cette foule qui blinde toute la ville, compter le double. Le spectateur victime de la cornada en début de corrida n’a toujours pas été présenté. A cette heure d’ouverture des animations, les liaisons sur les mobiles comme d’ordinaire saturent et tant pis pour ceux qui se sont faits refourguer des forfaits gratuits pendant ce temps. Impossible de joindre la médecin dépêchée sur l’ambulance. Les postes de secours restent sur les dents en cas d’incident à l’entour, mais n’ont aucune nouvelle sur ce drame survenu en barrera, lors de la course du deuxième toro. A cran, elle raccroche et allume la radio pour prendre des infos par le journaliste en direct des gradins. Pas de détail sur ce type qui s’est fait planter alors, il y a plus d’une heure ! Voici une interne qui arrive précisément de là-bas. Elle explique dans quelles circonstances un animal d’une demie tonne, cinq cents kilos sur la balance qui terrifie déjà l’estivante, a franchi callejon en appui sur le burladero pour gagner les premières rangées de fauteuil au soleil. Spectacle entre le bélier forçant les fortifications et le monstre qui explose toutes les limites. L’accident est si extraordinaire et l’événement aussi énorme que son agent qu’il ne peut se résoudre à être enfermé entre une bousculade et un débordement. Autant pour un Miura ou n’importe quel autre ressortissant des élevages Domecq et Cebada Gago ne tolère d’être retenu dans le corridor qui relie le toril à l’arène. Un taureau de combat qui déboule au milieu d’une foule terrorisée équivaut au cataclysme des plus terribles inondations de Camargue ou des vidourlades de Sommières, une Vaison-La Romaine pendant la désintégration de Toulouse peut-être. La débâcle. Une déchirure des réalités et de toutes les normes. Le naufrage des bases. Une boucherie, un abattoir comme ceux de La Villette quand ON tuait le boeuf castré ou le veau enlevé sous sa mère à coup de marteau à travers son crâne plus ou moins résistant. Les pointes de chaque corne éclatant la gorge et toute la tête de celle qui a manqué de s’échapper assez vite, une éventration de l’encornet quand la farce déborde. L’image d’une masse uniquement concentrée à pulvériser tout corps, fut-il encore humain ; tandis qu’elle, elle tente de dégager sans riper ses sabots comme autant de pilons au bout de ses pattes puissantes, de ses fractures ouvertes et accumulées sous son broyage systématique. Et ce grand brun bronzé, retardé à protéger les chiards pris de panique, avant de recevoir en pleine poitrine la pique de la bête, toute entière dans le thorax, sa lance en furie qui l’ouvre verticalement en extirpant violemment tout ce qui lui restait de tripes sous le regard horrifié de Kahiayra. (...)

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