mercredi 28 février 2007

La DÉROUTE de MADISON

De retour sur les terres de Marie, près de 2 mois après son saisissant assassinat. Elle avait prévenu : « ON se souviendra de moi. » Sa mémoire ne me quittait pas. Le palais était tj là, dans la virginité recouvrée de l’avenue Marigny, nouvelle saison. Prochaine exécution.

Un nouveau roi était appelé à régner. Araignée ? Quel drôle de nom pour un roi ! Pourquoi pas libellule ou Alain Delon ? Toutes les traces étaient effacées. Il ne subsistait ça & là que les histoires fabuleuses rapportées par ceux, si nombreux au moment et si épars maintenant, qui avaient pu assister au retour de la flamme avant sa disparition.

Quelques blogs s’engorgeaient de pages dithyrambiques. Des commentaires immondes continuaient ça & là de détruire ce qui voulait être admiré chez la dernière icône. Des rats anonymes s’ingéniaient éternellement à salir tt ce qui ressemblait de près ou de loin à un vestige. Le moindre hommage au talent de cette ultime artiste était immédiatement rabroué. Les charognards cannibales se régalaient. Ca m’est égal, ce jeu de massacre, simulacre de liberté. La caravane est lasse.

Le pape des événements, du Palais des Sports au Stade de France, avait déjà mis en place la relève, souverain Hossein. Les gouvernants passent, les gouvernements restent, souterrains obscènes. Ils étaient combien ce soir-là dans le vent affolé du beau temps, autour du périmètre sacré, à avoir vu La Dernière Nuit pour Marie Stuart. Qui se plaindra sans savoir ?

Éberlué et abasourdi, je revenais donc sur les lieux du dream, receleur d’un secret jalousé, moqué, protégé, incrédule. Juste cette toux contemporaine trahissait mon accointance à cette chance dont j’avais bénéficié. Je la traînais depuis cette époque. A la vérité, elle correspondait à une rechute des Camélias aussi magnifiques. Une passion indéfectible m'attache à ma re’ne quoi qu’il arrive, à ma Dame à moi, quoi qu'il advienne, quelle qu’elle soit, quelles que soient les variétés de son incarnation (ma biopsie, mon émotion, ces confusions).

La scène finale de ce serviteur agenouillé, au même prénom comme fait exprès, qui décline la récompense de celle qu’il a ss cesse accompagné, en le justifiant d’un « Je vous aime » de gratitude, me correspondait pile poil. J’étais le témoin, le dépositaire et dorénavant le gardien. Le temple du sacrifice tenait debout. Ce qui avait été son sanctuaire pendant trois mois ressemblait à présent à un mausolée personnel, un tombeau abandonné. Comment pouvait-ON encore passer par ici sans pleurer ? Outre la cabine à côté d’où j’appelais à l’arrivée, en espérant que tu m’y rappellerais en sortant.

Le roi, bien réel celui-là, du Cambodge ou du coin, était venu la visiter lors de son passage à la capitale. Mon beauf m’avait envoyé un texto pour m’informer de son propre émoi devant l’incommensurable beauté qui devait tout autant ravir l’éminence dont il avait la protection ce soir-là. L’un et l’autre, à leur manière et leur niveau, ils avalisaient ce rang qui la légitimait auprès des plus grands, la plaçant tt autant parmi les sommités les + élevées, d’égale à égal : « Le roi doit être heureux. » m’écrivait-il de son poste de surveillance, essayant en mm temps de récolter ttes les bribes qu’il pourrait surprendre de ses apparitions entre les battants de la salle, le reflet à travers le hublot d’un couloir inspecté.
Isabelle Adjani Théâtre Marigny Marie L'1so- Où Ai-Je La Tête ?
© De Chastenet


C pourtant la mme après-midi qu’il a retiré la place offerte à Noël. La condamnation était arrêtée et les représentations terminées à la fin de l’année. Je devais y passer à mon tour. Les usurpateurs pouvaient s’avancer. Rien ne me faisait soupçonner qu’ils puissent si vite et si facilement s’imposer. Le scandale devait être assez important pour qu’ON ne lutte pas à gloser, en lieu et place du miracle éjecté, sur ce montage laborieux. Aucun auteur ne le revendiquerait d’ailleurs, se contentant d’adapter.

Pour abuser le nouveau public, ils se présenteraient sous les auspices de leurs succès cinématographiques respectifs. Comme s’il suffisait de rassembler qq ingrédients appétissants pour servir une soupe immonde. Toutes les précautions prises pour se démarquer du film et se revendiquer du texte d’origine, difficile d’éluder le traitement approximatif de cette adaptation cynique. Dire qu’ils s’y sont mis à 2, la vache !

Le bouquin + circonspect oblige la mise en scène à avertir du risque de mièvrerie que peut générer ce genre d’histoire. La réalisation de Clint Eastwood me l’avait déjà bien fait entrevoir, merci. Une projection, incongrue ici, sur le rideau de scène peinturluré de circonstance pour représenter ce fameux pont des tentations, restera encore heureux la seule référence au film. Mais cette passerelle appuyée ne permettra jamais d’établir un vrai échange entre la salle et le plateau. Personne ne la franchira sans susciter rires ou consternation de part & d’autres. Les feux de la rampe se révélaient les derniers sacrements d’une combustion forcée pour une relation frigide. C pas moi qui dormait dans le rang de devant.

Le prince intrônisé par Visconti achève misérablement son règne. Autant les premiers pas de jeunesse avec Fraülein Schneider tiennent du cadeau de fées penchées, autant cette sortie avec une ancienne compagne relève du racolage putassier. Qu'il soit institué par une médiatisation outrancière, puisque nécessaire ds la tempète, n'excuse pas de se foutre du résultat en le sacrifiant à ses fins mercantiles.

Ds C conditions, les raisons sont bien entendu personnelles et respectables. Quitte à boucler cette boucle, avant de se retirer une nouvelle fois du jeu, Delon aurait dû la boucler. Il joue étrangement faux comme chaque fois sur les planches. Il prend l’eau. La directrice d’acteur qui le suit depuis sa reprise revancharde des Variations Enigmatiques n’y peut pas grand chose. Elle coache, aussi transparente dans son registre que ces collègues qu’elle distribue autour de lui servent d’accessoires au déroulement. La construction est mauvaise : il arrive de quel rebondissement le dernier accolyte si tardif ? Ce vide est si sidérant que Mireille Darc en est réduite à exhiber son cul brutalement ss que je ne lui ai rien demandé. Cette pauvre intermittente du spectacle aura passé sa carrière à exhiber son anatomie indigente sans demander notre avis.

Ces accès de provoc’ à 2 balles jaillissent en dépit du plus élémentaire bon sens et du moindre rythme. Pourquoi cette pézouille écoute-t-elle 1 radio en Américain ? Il n'est pas très malin d’illustrer l’activité photographique du protagoniste avec ts ces clichés enquillés. L’organisatrice, Anne Bourgeois, nous assène des lâchers de rideau chaque quart d’heure, salutaires ds un premier temps, mais vite agaçants par la suite. C qu’il y a à manipuler un décor gigantesque autant qu’inutile. Selon tte vraisemblance, il essaie de rivaliser avec des plans de tournage : intérieur, extérieur, cuisine, garage, magasin, ds un enchaînement qui tient davantage du carrousel que de l'opportunité. Un trompe-l’oeil pour cacher la misère. Ce harcèlement technique et exorbitant paraît être un show-room pour vanter la machinerie du théâtre avant l’illustration des enjeux.

L’ultime coup de canif et d'autre chose de 2 quinquas désoeuvrés qui se retrouvent ds la canicule qui avance pendant qu'ils reculent, qu'elle ne sait + comment elle veut, comment elle veut, qu'il conclût avant de s’enfoncer dans leur méno & andro-pauses méritoires. Pas sûr qu’ils remettent ça, la nuit suivante. Le Viagra n’existait pas. Ainsi l’une peut fantasmer tranquille et l’autre peut continuer ses tirages débiles.

CT comme ça, il y a 40 ans, qd l’espérance de vie était + courte et les principes ne tergiversaient pas sur le mariage ou la maternité. Le chant du cygne de 2 canards boiteux. Une dernière folie avant les bilans de santé et le mariage du cadet. Un caprice des vieux, quoi ! Pas une allusion aux bouleversementss imminents de 68, ni au conflit vietnamien, rien sur ma naissance récente. En pleine autarcie, ils font l’amour, pas la guerre froide.

Il faudrait un peu + d’investissement ds ce projet, pas juste dans le budget. En convalescence d’une semaine de grippe, la relâche forcée aurait dû les booster à attaquer. Las, les éclats prémédités restent plaqués. Parfois, la récitation est limite. L’hésitation hésite, à 2 doigts d’imaginer que ce soit la déception qui s’invite au milieu de la scène. Parce que C sans fin/sans fond, ds une durée acceptable, qu'est-ce qu'ON s'ennuie. Passons C silences qui font croire à un effet et ne sont probablement que des trous de mémoire. De l’air enfin, vu qu’ON étouffe vite dans ces soirées de retraités.

De là à affubler Delon d’une perruque ! Quitte à porter les cheveux un peu longs, sous prétexte genre baroudeur décoiffé, soit, à quoi bon ce rajout qui n’allonge sa tignasse que de qq cm insoupçonnés avant qu’il ne le retire sur la fin pour un obscur motif. Ca lui coûtait tellement de laisser pousser ou il anticipait déjà que la barque était bien pleine d’approximations et de longueurs. Comment justifier l'installation de 3 chaises à table pour cette famille de 4 ?

Sa berline doit être en train de chauffer à l’extérieur. Il revient en fantôme, coiffé de près. Il s'enquiquine tellement entre 2 entrées pourtant drôlement rapprochées, et trop impatient de partir pour ne pas dire simplement d’en finir, qu'il en aura profité pour passer rapidement chez le merlan. Que ça le ramène du côté de ce mari décrié, qui ne supporte pas les chevelus, a dû complètement passer au-dessus de la responsable. Tant que Sophie Forte n’en subit pas autant sur son texte qu’elle lui a confié.


Ca a commencé à me faire rire ttes ces idioties, tant d’incohérences. Le jour où une femme seule ds sa ferme isolée continuera à se laver tranquillement les mains pdt qu’un inconnu débarque ds sa cuisine, sans gêne, pour se renseigner, la province ignorera les caméras de surveillance. D’où pêche-t-ON ça ? Qui sait où il arrive qd il entre chez quelqu’un pour s’installer ainsi de plein pied au milieu de la pièce ? Et elle, elle attend quoi pour lui demander ce qu’il veut, au lieu de chercher sa réplique ou un torchon pour s’essuyer je n’ose imaginer qu’elle trace mouillée. Évidemment si ce n’est pas Rocco qui revient de son passé glorieux et qu’elle peine à reconnaître après ses pérégrinations avec Astrid Veillon ou à la télévision, il y a peu de chance pour qu’elle n’appelle pas les schmits.

Qt à lui, s’il n’est pas en terrain conquis d’avance, c qu’il n’a pas compris que le public ne venait que sur son seul crédit. Sa réputation fait le reste sur laquelle il devrait bien veiller plutôt qu’à vouloir travailler Atoutprix et entretenir sans ternir cette magie qui ne resplendira jamais autant que ds son éloignement. De tte évidence, les acteurs ne sont jamais aussi bons que qd ils ne communiquent pas sur leur vie privée, s’ils conservent leur statut d’inconnu. La découverte renforce la crédibilité. C avéré : l’innocence comble la superstition. Le mystère entretient, car il n’y a qu’une manière de vieillir pour les stars, attention, c de vieillir mal.

Je fatiguais. Mes nerfs craquaient. Mon fou rire commençait. A chaque apparition, L’Homme Pressé quittait un élément de sa panoplie. Sur le départ visiblement, il ira jusqu’à enfiler sa veste de costume, abandonnant son gilet de safari pour aller dîner qq part peut-être. Après, les chaussures de ville remplaceront les grolles de randonnée. Je découvrais qu’une tenue correcte était exigée ds l’au-delà. Il devait avoir de La Route pour rentrer et elle n’allait définitivement pas jusqu’à Madison. Ca a dû participer au choix d’horaire du début de spectacle : 20h30, pour finir + tôt, C trop tôt. Le temps de quitter le boulot, se passer un peu d’eau, enfiler un polo moins chaud et prendre le métro. Top chrono !

Cette nostalgie sordide pour une époque révolue me fait peine. Sa posture de vieux lion apathique ne colle pas avec sa stature de fauve à l’affût. Les couplets nauséabonds sur les hommes d’avant et l’époque disparue me font tj froid ds le dos. A moins que ce soit la gégène qui me prive de mon plaisir. Ca va, ce refrain ressassé pour une période où ces anciens représentaient davantage par l’effet de leur activité, pardi ! Ils devaient en être valorisés certes, mais il faut savoir décrocher avant qu’un spectateur le fasse.

Ca ne signifie pas abandonner. La distance n’est pas renoncement. La place s’évalue de tte manière du point de vue de chacun. Que le regard change ne signifie pas que l’ON ne soit plus à l’oeil. Chacun voit midi à sa porte. Qu’il soit 14h00 pour d’autres... Puisque ça en amuse d’applaudir les challengers, se tourner vers les repreneurs. Les veaux d’or ont du lait qui leur sort encore du nez. Quand ils seront à maturité, il sera bien temps de rendre des comptes. Les performances extorquées pourront-elles rivaliser auprès des résultats des aînés ? Quelle importance, si ce n’est celle de ne pas se compromettre ds de tels enfantillages ?


Biopsie5 commentait en déplorant mon admiration pour le dernier des Siciliens : « Il est agacé, mais il devient agaçant. » Ns y sommes et elle est où, elle ? Ma Yasmine avait judicieusement refusé la Cléopatre que Monica récupéra. Grand bien leur fit, puisque l’une débutait et qu’il n’y aucune certitude que le ridicule ne tue pas. Alors que Borsalino troque son chapeau pour les lauriers de César bientôt, au lieu de se contenter de celui reçu pour Notre Histoire, semble en dire assez sur le désarroi paniqué de cet acteur exceptionnel qui ne se résigne pas à laisser filer pour mieux récupérer. Si ts les chemins mènent à Rome, aucun n’emprunte une Route ds cet état, fut-il de Madison. Autant passer celui-ci.

1 commentaire:


C gentil tout plein de te fendre d'une petite note, dis !
Seule_ment n'oublie pas d'indiquer ton petit nom voire 1 lien si tu espères une réponse.

Abrazo