mardi 10 avril 2007

PRESIDENTS !

D’abord 2 bonnes nouvelles : l’ogre Weber a réduit son cholestérol et l’actualité s’invite au théâtre. Ce qu’ils devraient tj faire l’une & l’autre. La semaine, il tourne avec les Love Letters de A. R. Gurney reprises au défunt Noiret avec l’Anouk tellement Aimée. Du week-end au lundi, il enchaine avec la proposition la plus excitante depuis le retour d'Isabelle Adjani dans La Dernière Nuit pour Marie Stuart. Weber se remet donc à travailler. La réalité n’a qu’à bien se tenir.

C si évident et réussi que l’Institut National de l’Audiovisuel n’hésite pas à faire ses choux gras du principe. Elle édite Les Grands Duels de l’Entre-Deux-Tours des Présidentielles. Ce serait trop simple. Au théâtre de la Madeleine, il ne s’agit pas de réciter les textes des interventions. A quoi bon ? Pas question non plus d’engranger du pognon, ils en ont. Les deux interprètes jouent, l’acception la plus noble et la qualité la plus illustre au service du théâtre, celui qui provoque, l’espace qui trafique avec l’émotion, la barrera des arènes, la cage entrouverte.

Seulement 2 exceptionnels soirs par semaine (va savoir pourquoi), placement libre et 20 euros à tout casser. Le contexte est bousculé et la parole est à l’honneur. L’honneur est à la parole. Lecture annoncée, qui + est ! L’antiquité est de retour et le théâtre n’est + complexé devant la danse. Pas de gesticulations, ni de porte qui claque. Des fois, ça fait du bien, là ça fait plaisir. Les mots résonnent. Alors forcément ils raisonnent. D’autant + qu’ils sont vrais, justes, authentiques. Pas moyen de se réfugier dans la fiction, de se défendre dans la distance pour minimiser leurs effets.

Il faudrait que je parvienne à le prouver plus qu’à l’exprimer. Ce n’est pas de moi qu’il s’agit, c’est d’une chance. A l'extérieur, un spectateur bouleversé par le spectacle de Marguerite Duras avec Fanny Ardant, il y a qq années, a tagué son admiration pour ces mots qu’elle lui avait donné le bonheur de partager. Je veux bien le croire, « mais ‘y a la manière. » Nous y voici. Chacun ses intentions et les dégoûts et les douleurs. En ce qui me concerne, je tends à ça. Pas seulement, mais ça, c’est ça dont je veux profiter, que je veux recevoir, que j’attends de mes déplacements hors de mon périmètre : du trapèze sans filet, les oies de Zingaro revenues du Capitole, l’alchimie entre le divertissement et l’avertissement.

Qd le personnage que devient Giscard aborde l’apport dérisoire des voix d’un Le Pen, celui-ci ne représente pas mieux que le leader de Chasse Pêche & Tradition actuellement. J’ignore son nom ou un autre à quelques mairies défendantes de ma Salle d’Aude natale, dont je ne connais pas davantage le parti. Lorsqu’il lâche les 1,3 % incriminés, ceux qui ne voient pas d’1 bon oeil ce point de détail croit entendre parler d’anciens francs. Le frisson traverse les rangées. Il n’y a pas de conversion à faire. Aujourd’hui il est bien à 15 % exprimés voire le double en Méditerranée. Et qui ne connaît pas ce type & maintenant sa fille ? Il y a de quoi légitimement trembler à l’heure actuelle. Le recul est là. Doit-ON se faire sauter pour autant ? Lorsqu’il annoncera qu’il a « changé », lui en son temps, il filera froid ds le dos tel le jet glacé d’un Kärcher. Pouvons-ns encore échapper au Petit Guignol agité sur Le Boulevard du Crime qui lui est ouvert depuis 5 ans, sa voie romaine.

Rien d’un procès, il ne s’agit pas d’accuser, ni de trouver les fautes. La concordance détend, rassurez-vs. La distance nous permet de mieux mesurer et c’est un délice. Autant que pouvait l’être le baiser de Kate Winslett à Di Caprio sur le pont du bateau avant de sucer de la glace ou la coupe de champagne des First Class de United Airlines à leur entrée dans le placard à balai de 2 autres tours pas encore électorales. Le miracle existe au-delà de l’interprétation, quand les intervenants passent au domaine de l’incarnation, la pénétration. Le message explose et l’instant gagne. Impossible ailleurs, il fallait y être, le privilège des voyageurs.

Avec rien, les acteurs font tout, comme toujours. Les magiciens : la caresse des mains de Balmer ramène au geste de Miterrand. Le bougonnement de Weber fait écho aux borborygmes de Giscard. Ces indices si discrets deviennent des coïncidences qui nous ramènent à la vérité. C’est de nous qu’il s’agit plus que jamais, les clés ds la poche, les D en main. La similitude n’est pas imitation, elle est la conséquence de la justesse des prestations, un raccord. La vérité en face.

Leur présence est tellement irradiante qu’elle leur permet de ne jamais quitter leur chaise. La cohérence avec l’image de l’émission n’est pas l’objet du propos. D’ailleurs, dans mon souvenir, elle manque cruellement de rythme. Il n’y a qu’à voir aujourd’hui et peu importe. En revanche, l’énergie passionnante dégagée par les deux protagonistes est si concentrée et puissante que C plutôt ns qui restons cloués au fauteuil. Un mouvement, donc le seul, et ce serait verser dans la représentation, admettre la gratuité. Or il s’agit de l’immédiat, du danger, l’enjeu est là. Le passé nous convoque. Ce spectacle hiératique s’impose par son importance et sa salubrité, de l’ordre des oracles. Les Français parlent au Français.

Ce qui s’écoute s’entend et pour une fois, ce qui s’entend se comprend. Les points sur les i, les barres sur les t, difficile de rester bouché ou de ne pas aller voter. Weber est magistral à l’aune du succès remporté par son rôle aux élections, sa voix, si cruelle jadis avec lui, revenue avant de filer à un candidat. Balmer est impressionnant avec cette rage et cette sensibilité qui a voulu y croire en 81. Où l’ON voit définitivement que quand certains politiques se vantent d’être des acteurs, ils sont une fois de plus à côté de la plaque, toujours aussi prétentieux et obnubilés par leur personnalité, racoleurs et putassiers. Quel comédien se prend pour eux ?

L’impuissance de Balmer dans la première partie, première échéance, empêtré dans son urgence, est un régal de performance, un festin d’intelligence qui nous sert les meilleurs accents et nous sort les plus criants silences. Pas facile de se sentir dépasser et encore moins le montrer. La suffisance de Weber et l’expérience qu’il exerce m’horrifient quand je réalise son pouvoir à me fasciner dont aurait pu bénéficier son inspirateur. Le texte ne fait pas tout. Il ne suffit pas d’allumer pour éclairer. Les variations ondoient, les intensités excitent.

Un travail d’orfèvres. Ca tient des étoiles, un moment pareil. Celles de la cuisine, puisque les stars sont dorénavant réservées aux dernières gagnantes de jeux télévisés. Du 3 étoiles +. Quelque chose d’extraordinaire, une alliance réussie entre la préparation, la présentation et la dégustation. Les trois coups du théâtre ! Un grand bravo, le coup de chapeau. Tout ce qu’il faut. Un ensemble parfait, le parfum et la fragrance, l’essence des saveurs. Tout est dit. Le théâtre ds tte sa splendeur, Gagnaire échevelé à trouver, la gueule du lion qui halète en m’observant sur son praticable, la manoeuvre de l’éléphant. La faena du torero et l’indulto évidemment. Les fleurs que la technique envoyait sur ma Yasmine à sa dernière de La Dame aux Camélias comme autant de gerbes infinies qui jaillissaient d’un feu d’artifice pour compenser nos applaudissements effrénés et insuffisants pour l’acclamer à sa juste valeur.

Il ne tient qu’à nous de profiter de ce détour parlant, tellement parlant, mais jusqu’à quand ? De ces grands duettistes nous subjuguant de leur brio dans nos cavernes d’aveugle, les 3 questions du sphinx et nos réponses inconsidérées. Il ne tient qu’à nous et notre libre-arbitre, libre encore, d’accord ? Tant pis pour ceux qui regimbent à aller en salle sous leurs prétextes bidons d’argent ou de disponibilité, qui ont tj leur fameux « ON ne savait pas » à la bouche et la bave aux lèvres pour réclamer une Hlm qui devrait leur revenir en priorité, si ce n’est de droit.

Deux maestros donnent à entendre où la parole devient d’or et la lâcheté dehors. + moyen de se défiler en excuses ou mots d’absence, le signal d’alarme retentit. Il y a encore peut-être moyen de sauter du train où vont les choses. Va-t-ON attendre un spectacle en 2033 pour halluciner autant d’avoir laisser passer ces insanités qui révulsent d’ores et de-gêne. Certaines font néanmoins tellement plaisir au leader officiel du fascisme increvable en Italie paternelle qu’il les a préfacées ? Ne pas tortiller et se bouger.

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